Agro-écologie [en]

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Qu’est-ce que l’agro-écologie ?

L’agro-écologie est une science transdisciplinaire, qui permet de dépasser le clivage historique entre écologie et agriculture. L’agro-écologie allie l’agronomie (science de l’agriculture) et l’écologie. A partir des années 1960, en réaction à la révolution verte et à l’intensification de l’agriculture, l’agro-écologie apparait également comme un ensemble de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Depuis quelques années, l’agro-écologie a gagné du terrain dans les discours scientifiques comme politiques.

En intégrant à l’agronomie les concepts de l’écologie, l’agro-écologie cherche à mieux comprendre les conséquences de l’agriculture, de l’élevage, de la sylviculture sur l’ensemble des services rendus par les écosystèmes (par exemple : le stockage du carbone, la conservation des ressources naturelles, la qualité paysagère…). Elle réintroduit la question de la diversité dans les systèmes de productions alimentaires, et vise à maintenir des résultats techniques et économiques, tout en préservant l’environnement.

L’enjeu est de répondre à nos besoins alimentaires et non-alimentaires en ménageant les ressources naturelles et les écosystèmes dont nous dépendons. Face aux nombreux défis auxquels l’agriculture doit faire face (changement climatique, dégradation des ressources naturelles, érosion de la biodiversité, etc.) l’agro-écologie entend promouvoir une agriculture triplement performante, aux plans économique, social et écologique. Cette agriculture est mise en avant pour sa capacité à transformer profondément les systèmes alimentaires en les rendant plus durables, plus accessibles, et en permettant aux consommateurs d’être informés sur la provenance et la qualité des produits.

Les pratiques agro-écologiques ne sont pas clairement définies. Il existe un panel d’activités plus ou moins agro-écologiques. En pratique, on retrouve quelques critères définitionnels de base :
-  l’agro-écologie s’appuie sur des principes écologiques plutôt que sur des intrants ;
-  elle est équitable, respectueuse de l’environnement et contrôlée à l’échelle locale ;
-  plutôt que de se concentrer sur des techniques spécifiques, elle embrasse la complexité des interactions naturelles ;
Certaines des pratiques les plus répandues consistent à : accroitre la diversité des cultures en évitant les monocultures jugées trop gourmandes en énergie, pesticides et engrais ; à favoriser le recyclage biologique et l’utilisation de compost comme engrais vert ; à utiliser des couverts végétaux qui permettent le renouvellement naturel du sol afin de limiter les labours ; à privilégier les cultures d’arbres au milieu des parcelles agricoles ; ou encore à optimiser l’irrigation par la réorganisation des terrains afin d’économiser la consommation en eau. Autant de pratiques qui mêlent savoir-faire traditionnels et innovations scientifiques. Elle vise à reconcevoir les systèmes de production à l’échelle de la parcelle agricole et du territoire.

L’engagement de la France

Le projet agro-écologique pour la France lancé par le Ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Forêt, M. Stéphane Le Foll, le 18 décembre 2012 est un projet de politique publique mobilisateur pour l’agriculture française. Il vise à concilier la performance économique et la performance environnementale. Ces deux aspects doivent être désormais abordés globalement et de manière articulée.

Par ailleurs, au niveau national, la France a adopté en octobre 2014 la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Celle-ci permet la mise en œuvre concrète de l’agro-écologie, avec pour objectif qu’en 2025, 50% des exploitations agricoles françaises soient engagées dans des pratiques agro-écologiques.

Le projet agro-écologique vise à produire autrement en repensant nos systèmes de production et à faire de la France l’un des leaders de l’agro-écologie dans le monde. C’est un changement des pratiques agricoles ainsi que des façons de penser qui s’inscrit dans l’esprit de la réforme 2013 de la Politique Agricole Commune visant à prendre davantage en compte les efforts en matière de respect de l’environnement au moyen du « paiement vert ».

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Ce projet est mis en œuvre en partenariat avec le Ministère de l’agriculture et de l’alimentation et l’ensemble des acteurs du secteur sous la forme d’un plan d’action ambitieux portant sur tous les domaines concernés. Ce plan d’action porte en particulier sur les sujets suivants :
• une adaptation de la formation des agriculteurs aux connaissances et aux pratiques liées à l’agro-écologie ;
• une mobilisation de la recherche-développement pour renforcer les recherches et les expérimentations sur les systèmes de production agro-écologiques et diffuser ces innovations vers le terrain ;
• la création d’un outil d’autodiagnostic agro-écologique conçu pour encourager les agriculteurs à réfléchir sur leurs pratiques et aux évolutions possibles de leur système ;
• la rénovation des soutiens publics afin de les rendre plus incitatifs à l’engagement dans l’agro-écologie, notamment au moyen de mesures agroenvironnementales ;
• la mise en place d’un suivi et d’une évaluation réguliers des résultats et des impacts du plan d’action, sous la forme d’un rapport annuel public.

Au plan international, la France, au travers de ses centres de recherche avancés sur ce sujet, notamment le CIRAD et l’IRD, coopère avec les scientifiques et les communautés paysannes des pays en développement dans le domaine de l’agro-écologie. À titre d’exemple, l’INRAE et l’Ambassade de France en Chine ont organisé en juin 2015, en partenariat avec l’Académie chinois des sciences agricoles (CAAS), une conférence sur l’agro-écologie à Pékin.

De nombreux évènements, groupes de travail et symposium ont également été organisés au cours des six dernières années pour répondre à la double urgence alimentaire et climatique, tel que le Groupe de travail sur les Transitions Agro-écologique. Il a réuni en décembre 2017 quatre ONG différentes pour développer, comprendre et améliorer les approches agro-écologiques. De plus, en décembre 2017, les Etats généraux de l’alimentation ont fait le point sur l’état des systèmes alimentaires en France et ont mené à la création d’une feuille de route gouvernementale pour 2018-2022, qui reconnaît spécifiquement le rôle de l’agro-écologie dans tous les dispositifs d’aide au développement.

En mai 2021, 700 scientifiques français ont réaffirmé leur engagement pour l’agro-écologie en publiant une tribune pour alerter sur les « conséquences catastrophiques d’un manque d’ambition en matière d’agro-écologie ». Il apparaît plus nécessaire que jamais d’intégrer l’agro-écologie dans les déclinaisons nationales de la PAC qui « scellera le futur de l’agriculture française à l’horizon 2030 ». Alors que le gel a ravagé de nombreuses vignes en avril 2021, les scientifiques alertent sur le changement climatique qui contribue à rendre ces évènements catastrophiques pour l’agriculture de plus en plus nombreux.

De fait, la France s’est engagée de longue date sur plusieurs fronts : en 2019, elle a par exemple accueilli le quatrième Congrès International sur l’agroforesterie à Montpellier. Cet élan s’est poursuivi au cours du Sommet « Une planète » pour la biodiversité en janvier 2021, faisant de l’agro-écologie une thématique centrale. Le Président de la République Emmanuel Macron a ainsi fait cette promesse : « Je prends l’engagement que sous la présidence française de l’Union européenne au premier semestre 2022, nous fassions de l’agro-écologie un sujet détaillé dans sa dimension africaine et européenne ». La crise sanitaire et le changement climatique qui ont particulièrement marqué l’année 2020 et l’année 2021 ont fait de l’agro-écologie une thématique porteuse et centrale.

Un webinaire sur l’intensification agro-écologique en Afrique s’est également tenu en novembre 2020 avec 180 participants.

En 2050, l’Afrique ne pourra répondre qu’à 13% de ses besoins alimentaires. Dans ce contexte, la France s’engage particulièrement au Sahel, avec de nombreux programmes écologiques comme la Grande Muraille Verte. Ces initiatives permettraient de préserver la biodiversité et les ressources tout en maintenant la production ; autrement dit, l’agro-écologie rend possible une « intensification écologique » de la production alimentaire.

Le travail de la France avec la FAO

La FAO a organisé les 18 et 19 septembre 2014 un Symposium international sur l’agro-écologie pour la sécurité alimentaire et la nutrition auquel a participé le Ministre français de l’Agriculture, de l’agro-alimentaire et de la forêt, M. Stéphane Le Foll.

Le succès de ce symposium, soutenu par la France, a permis d’ouvrir pour la première fois un échange et un dialogue au plan international sur les pratiques de l’agro-écologie. Réunissant plus de 500 participants venus d’une trentaine de pays, il s’est terminé par des interventions de haut niveau, dont celles de plusieurs ministres de l’agriculture (Sénégal, Algérie, Brésil, Costa Rica, Japon), outre M. Stéphane Le Foll, et du Commissaire européen à l’agriculture. Ce symposium a permis de partager les connaissances pratiques issues du terrain dans diverses régions du monde et de faire le point sur l’état de l’art des connaissances scientifiques en agro-écologie. Suite au symposium scientifique organisé par la FAO en septembre 2014, la France a rassemblé début 2015 un Groupe des amis de l’Agro-écologie (G2A) à Rome. Le G2A est un groupe informel et ouvert, composé de Représentations Permanentes désireuses de soutenir les travaux de la FAO sur ce thème, d’échanger sur leurs expériences nationales et de développer des partenariats scientifiques.
Des séminaires régionaux ont permis de poursuivre ces échanges :
En 2015 :
• en Amérique latine, à Brasilia, les 24-26 Juin 2015.
• en Afrique à Dakar, les 5-6 novembre 2015.
• en Asie à Bangkok, le 24 novembre 2015.
En 2016 :
• En Chine, à Kunming, les 29-31 aout 2016
• En Europe, à Budapest, les 24-25 novembre 2016.
En 2018, un nouveau symposium a été organisé par la FAO, auquel a participé le Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Stéphane Travert. Il avait pour thème « l’agro-écologie au service des Objectifs de développement durable (ODD) : passer à l’échelle supérieure ».

A la suite des symposiums de 2014 et 2018, la FAO a également adopté en 2018 les « 10 Eléments pour l’agro-écologie » qui visent à lier cette agriculture respectueuse de l’environnement aux objectifs de développement durable. Ils offrent ainsi une cadre conceptuel de référence aux acteurs qui souhaitent mettre en œuvre les pratiques agro-écologiques. Ces dix éléments sont la diversité, l’efficience, la résilience, les synergies, la co-création et le partage du savoir, les valeurs humaines et sociales, la culture et les traditions alimentaires, une gouvernance responsable, l’économie circulaire et solidaire et le recyclage. Allier ces dix points pourrait permettre de réformer les systèmes agro-alimentaires durablement. Ces objectifs sont en lien avec le Programme 2030 pour le passage à une agriculture durable qui garantisse santé et nutrition à tous.

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L’engagement de la France avec le Comité de la sécurité alimentaire mondial

La France est également engagée avec le Comité de la Sécurité Alimentaire (CSA) pour développer un ensemble de recommandations politiques afin de mettre en œuvre l’agro-écologie. Le CSA s’est réuni du 14 au 18 octobre 2019 pour discuter de l’agro-écologie, à la suite de négociations sur une année entière ; un rapport historique sur les « Approches agro-écologiques et autres approches innovantes pour une agriculture durable et des systèmes alimentaires qui améliorent la sécurité alimentaire et la nutrition » a alors été réalisé.

Une session extraordinaire de la 48ème session plénière du CSA a également eu lieu en ligne le vendredi 4 juin 2021 pour approuver les Recommandations politiques sur l’agro-écologie et d’autres approches novatrices. Ce produit du CSA est le fruit d’un long processus de concertation et d’échange entre les Etats membres, le monde scientifique, la société civile, le secteur privé et les organisations des Nations unies.

En 2021, alors que la situation climatique se dégrade et que la pandémie de Covid-19 a bouleversé les systèmes alimentaires, l’agro-écologie apparaît comme une réponse viable et nécessaire aux problèmes du XXIe siècle. La France s’est particulièrement mobilisée à travers l’approche holistique « Une seule santé », pour combattre les zoonoses et favoriser la biodiversité et la préservation de l’environnement, des objectifs qui ne sont réalisables qu’à travers le développement de l’agro-écologie et sa valorisation politique et économique, sur les marchés et auprès des consommateurs.

Dernière modification : 05/10/2021

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