Pertes et gaspillages alimentaires [en]

La journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, instaurée par l’Assemblée générale des Nations unies est célébrée pour la première fois le 29 septembre 2020. Découvrez à cette occasion la nature, les causes et l’ampleur de cette question de portée mondiale, ainsi que les mesures mises en œuvre au niveau national et international pour lutter contre ce phénomène.

Un tiers de la nourriture dans le monde est perdu ou gaspillé le long de la chaîne alimentaire. Comment réduire progressivement ce phénomène ? Répondre à cette question est aujourd’hui un engagement international.

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Définitions (FAO) :

Les pertes alimentaires sont la diminution de la quantité ou de la qualité des aliments résultant des décisions et des mesures prises par les fournisseurs de produits alimentaires dans la chaîne (SOFA, FAO 2019).

• Le gaspillage alimentaire se réfère à la diminution de la quantité ou de la qualité des aliments résultant des décisions et des mesures prises par les commerçants, les fournisseurs de services de restauration et les consommateurs (SOFA, FAO 2019).

Le défi des pertes et gaspillages dans le monde

Un tiers de la nourriture produite est gaspillé au niveau mondial

La dernière étude de la FAO sur le sujet réalisée en 2011, estime qu’un tiers de la nourriture est perdu ou gaspillé le long de la chaîne alimentaire, depuis la production jusqu’à la consommation, ce qui représente environ 1,3 milliard de tonnes par an. En 2019, une étude du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) estimait que 913 millions de tonnes de nourriture, soit 17% de la nourriture totale disponible aurait été jetée dans les poubelles des ménages, des commerçants, des restaurants et autres services alimentaires. Sur le plan mondial, 121 kilos de denrées alimentaires sont gaspillés chaque année au niveau du consommateur, dont 74 kilos au sein des ménages. De plus, 8 à 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sur un total de 24% émis par les activités agro-alimentaires à l’échelle mondiale seraient provoquées par les aliments non consommés, ce qui témoigne d’un impact environnemental fort et de l’importance de cette problématique pour définir des modes de production et de consommation plus durables.

La réduction totale des pertes et gaspillages permettrait de nourrir environ 2 milliards de personnes selon l’International Food Policy Research Institute (IFPRI). Il est ainsi essentiel de réduire ces pertes et gaspillages alimentaires pour assurer la sécurité alimentaire et limiter l’empreinte écologique des systèmes alimentaires.

Quelques chiffres pour mieux comprendre et prendre conscience des enjeux des pertes et gaspillages alimentaires (source : FAO, 2013).

Impact économique : les conséquences économiques directes des pertes et du gaspillage alimentaire sont de l’ordre de 750 milliards de dollars par an dans le monde.

Impact sur le climat : l’empreinte carbone des pertes et du gaspillage alimentaire est estimée à 3,3 gigatonnes tonnes d’équivalent de CO2.

Impact sur les ressources naturelles :
- Le volume total d’eau utilisé chaque année pour produire de la nourriture perdue ou gaspillée s’élève à 250 km3, soit environ 6% des prélèvements d’eau mondial.
- 1,4 milliard d’hectares de terres, soit 30% des superficies agricoles du monde, servent annuellement à produire de la nourriture perdue ou gaspillée

Des problématiques complexes à gérer et à mesurer

Un grand nombre de facteurs influencent le niveau de perte et de gaspillage des productions. La mesure de ces volumes vient notamment du fait que chaque étape de la chaîne de production, de distribution et de consommation comprend des facteurs qui lui sont particuliers.

Les pertes alimentaires

Les pertes alimentaires font référence à des situations dans lesquelles les produits agricoles ou alimentaires sont détériorés avant d’atteindre la dernière étape de production ou d’entrer dans le circuit de vente au détail. Les pertes relèvent principalement de limitations financières, techniques et de gestion touchant les récoltes, les infrastructures et conditions de stockage, les systèmes d’emballage et de commercialisation, auxquels viennent s’ajouter les conditions climatiques favorisant la détérioration des aliments. Les niveaux de pertes les plus élevés se retrouvent dans les pays en développement. Ils atteignent, en moyenne en 2019, 14% en Afrique subsaharienne et 20,7% en Asie du Sud et en Asie centrale, contre 5,8% en moyenne dans des pays développés comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Elles concernent principalement les racines, tubercules et oléagineux (25%), les fruits et légumes (22%) et la viande et les produits d’origine animale (12%).

Selon les estimations de la FAO, en 2019, 14% des aliments sont ainsi perdus chaque année, ce qui correspond à un montant de 400 milliards d’USD.

Le gaspillage alimentaire

Le gaspillage alimentaire concerne les aliments éliminés dans le commerce de détail ou jetés par les consommateurs. On estime que le gaspillage alimentaire est notamment le fruit d’une méconnaissance de la signification des dates inscrites sur le produit par le consommateur, de la non-adéquation des produits à des normes de qualité ou d’apparence strictes et de mauvaises pratiques d’achat et de conservation par les consommateurs. Les principaux leviers identifiés pour réduire le gaspillage reposent en grande partie sur la sensibilisation des consommateurs à des pratiques d’achat mieux maîtrisées, la valorisation complète des aliments ou une meilleure communication des impacts environnementaux et économiques liés au gaspillage alimentaire.

Des estimations exactes des niveaux gaspillages sont en cours d’élaboration par la FAO et demeurent difficiles à évaluer.

Un engagement international agréé

L’objectif de réduction des pertes et gaspillages est désormais inscrit dans l’Agenda 2030, notamment dans l’Objectif pour le Développement Durable (ODD) 12.3 : « D’ici à 2030, réduire de moitié à l’échelle mondiale le volume de déchets alimentaires par habitant au niveau de la distribution comme de la consommation et réduire les pertes de produits alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement, y compris les pertes après récolte ».

Une proportion élevée de denrées alimentaires est encore perdue tout au long de la chaîne d’approvisionnement aujourd’hui. L’empreinte matérielle mondiale augmente plus rapidement que la croissance démographique et la production économique. Bien que dans certains pays l’efficacité des ressources s’améliorent, ce progrès est compromis par l’augmentation de l’intensité des matières dans d’autres. Il existe cependant diverses solutions pour lutter contre les pertes et gaspillages alimentaires. Les pratiques agroécologiques, promues par de plus en plus d’Etats, et les innovations, qui permettent d’améliorer la production, le transport et la conservation des aliments, font partie du panel de solutions possibles qui sont déjà en partie déployées par les gouvernements et les organisations internationales.

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L’engagement de la France dans la lutte contre les pertes et gaspillages alimentaires

Chaque année en France, plus de 10 millions de tonnes de déchets alimentaires sont produits pour une valeur estimée à 16 milliards d’euros.

Une étude nationale de l’Agence de la Transition Ecologique (ADEME), réalisée en 2016, évalue le niveau de gaspillage alimentaire à 30 kg par personne et par an de pertes et gaspillages au foyer (dont 7 kg de déchets alimentaires non consommés encore emballés), auxquels s’ajoutent les pertes et gaspillages générés en restauration collective ou commerciale.

En France, seul un faible pourcentage de tous les gaspillages et pertes alimentaires est transformé en compost. La pratique du compostage à domicile pourrait permettre d’alléger les services publics de ramassage des ordures de 150 kg de déchets ménagers par foyer et par an.

Des engagements nationaux ambitieux

Le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, créé en 2013, est un engagement collectif visant à « s’engager concrètement contre les dérives de la société de surconsommation » et de « retrouver du pouvoir d’achat ». Dans plan de 2017-2020, le Pacte comporte 16 mesures issues de la réflexion menée avec les acteurs de la chaîne alimentaire et fondées sur l’engagement des acteurs de l’ensemble de la chaîne alimentaire. Ce pacte fixe un objectif ambitieux de réduire de moitié le gaspillage d’ici 2025 et s’adresse à l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire.

La loi du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire (dite Loi Garot) dresse un cadre légal contre le gaspillage et permettra notamment de répondre à l’objectif fixé par le pacte national de 2013, sur la réduction de moitié du gaspillage alimentaire d’ici 2025. Elle établit une hiérarchisation des actions à mettre en œuvre par chaque acteur de la chaîne alimentaire : prévention et sensibilisation aux impacts du gaspillage, utilisation des invendus pour la consommation humaine, pour l’alimentation animale, puis à des fins de compost pour l’agriculture ou de valorisation énergétique, interdiction des grandes surfaces de jeter la nourriture consommable.

La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, adoptée en février 2020, vise à renforcer les mesures existantes pour lutter contre le gaspillage alimentaire. La loi se fixe comme objectif de réduire le gaspillage alimentaire de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d’ici 2025 et de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale d’ici 2030. L’objectif est la fin progressive de tous les emballages en plastique à usage unique d’ici 2040. Les effets sont déjà visibles avec l’interdiction au 1er janvier 2020 des gobelets, assiettes et cotons tiges.

Le Programme national de prévention des déchets pour 2014-2020 a permis de mettre à l’ordre du jour des objectifs visant à réduire la production de déchets ménagers et à stabiliser la production de déchets issus des activités économiques et du BTP à travers la réalisation de 54 actions concrètes.

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L’action des agences des Nations unies à Rome en matière de lutte contre les pertes et gaspillages alimentaires

L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO)

La réduction des pertes et gaspillage est un objectif central pour la FAO, puisqu’il concerne simultanément des problématiques de gestion des ressources, de réduction des émissions de CO2, de production agricole, de nutrition, d’innocuité et de qualité des aliments. La réduction des pertes et du gaspillage est donc un impératif pour atteindre des systèmes alimentaires plus durables.

L’initiative mondiale de réduction des pertes et du gaspillage alimentaires, SAVE FOOD, a été initiée en 2011 par la FAO et la société Messe Düsseldorf GmbH.
L’initiative vise à encourager le dialogue entre les industriels, les chercheurs, les politiques et la société civile sur le sujet des pertes et gaspillages alimentaires. Elle repose sur quatre piliers :

1. La sensibilisation sur l’impact et sur les solutions concernant les pertes et déchets alimentaires : au travers de l’organisation de conférences et de rassemblements multi-acteurs

2. La collaboration et coordination des initiatives mondiales sur la réduction des pertes et déchets alimentaires

3. Le développement d’une politique, d’une stratégie et d’un programme pour la réduction des pertes et déchets alimentaires : via la réalisation d’études de terrain

4. Le soutien aux programmes d’investissement et aux projets, mis en place par les secteurs privés et publics

La FAO a également lancé, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et plusieurs partenaires, la campagne « Pensez. Mangez. Préservez – Dites non au gaspillage alimentaire », destinée à soutenir l’initiative SAVE FOOD sur le volet de la prévention et de la réduction du gaspillage alimentaire. Cette campagne a vu la création d’un portail de partage de ressources et d’informations. La collaboration entre les deux agences est aussi à l’origine de deux indices fondamentaux pour mesurer le progrès vers la cible 12.3 des Objectifs du Développement Durable : l’indice des pertes alimentaires (Food Loss Index), géré par la FAO ainsi que l’indice du gaspillage alimentaire (Food Waste Index), piloté par le PNUE.

Enfin, la FAO et l’International Food Policy Research Institute (IFPRI) ont présenté en juillet 2020 une version complète de la plateforme technique sur l’évaluation et la réduction des pertes et du gaspillage alimentaire, en élaboration continue depuis son lancement en 2015. Ce portail donne accès à toutes les ressources de la FAO sur les pertes et gaspillages de nourriture, notamment la plus vaste collection de données sur la nature des aliments perdus ou gaspillés et la répartition géographique des pertes et gaspillages, un forum de discussion, des exemples d’initiatives fructueuses, des cours en ligne, un document d’orientation sur les pertes et gaspillages de nourriture dans le contexte de la pandémie de covid-19 et des conseils que chacun peut appliquer pour réduire le gaspillage alimentaire.

Cette plateforme exploite et complète les mécanismes existants, notamment la Communauté mondiale de pratiques sur la réduction des pertes alimentaires qui est gérée conjointement par la FAO, le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), ainsi que le Protocole sur les pertes et gaspillages alimentaires de l’Institut des ressources mondiales. Elle élargit également le travail accompli par le réseau SAVE FOOD, les politiques de l’IFPRI et le programme de recherche du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) sur les institutions et les marchés.

En concertation avec les Etats-membres, la FAO élabore actuellement un « Code volontaire pour réduire les pertes et gaspillages alimentaires ». L’objectif du Code est de présenter des principes directeurs et de normes de pratiques responsables afin de réduire les pertes et le gaspillage. Dès 2021, ce Code facilitera notamment les actions communes, l’harmonisation des approches et l’évaluation du progrès vers la cible 12.3.

Au Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA), le sujet des pertes et gaspillages alimentaires a fait l’objet d’un rapport du groupe d’experts de haut niveau publié en 2014 et a donné lieu à la négociation de recommandations politiques lors de la 41ème session plénière du Comité en octobre 2014.

Le 29 septembre 2020, la FAO a célébré pour la toute première fois la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture. L’année 2020 et le début de 2021 ont été marqués par la pandémie de Covid-19 qui a poussé le 132 millions de personnes supplémentaire de l’insécurité alimentaire. M. Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU a déclaré que les pertes et gaspillages de nourriture étaient « choquants au point de vue éthique » dans une époque où tant de personnes souffrent de la faim.

Dans le cadre du Sommet des Systèmes alimentaires de septembre 2021 et de son pré-Sommet à Rome en juillet 2021, les pertes et gaspillages alimentaires sont liés à la réforme nécessaire de la production comme de la consommation. La lutte contre les pertes et gaspillages nécessite une approche transversale et intégrée de l’ensemble des acteurs et secteurs agricoles et alimentaires. Cet effort concerne l’ensemble des étapes des systèmes alimentaires, et les réformer ne va pas sans une réflexion autour des pertes et gaspillages.

Le Programme alimentaire mondial (PAM)

Le PAM s’implique dans la réduction des pertes que rencontrent les petits agriculteurs avant et pendant la phase de récolte du fait des ravageurs, des mauvaises conditions climatiques ou des mauvaises conditions de conservation des récoltes. En Afrique, le PAM a introduit un programme de stockage en partenariat avec le secteur privé qui permet aux producteurs de conserver leurs aliments pour une durée étendue, ce qui permets d’éviter les pertes importantes susceptibles de survenir avant même que ces produits soient transportés. Lors du pilotage de ce programme, trois types de conteneurs de stockage ont été subventionnés en Ouganda : les sacs hermétiques, les silos en plastique et les réservoirs en métal. Le PAM travaille également sur l’optimisation des emballages utilisés qui peuvent considérablement améliorer la durée et la qualité des denrées alimentaires.

L’Alliance de la Ferme au Marché (Farm to Market Alliance, FtMA) a aussi été créée par le PAM dans le but de garantir des meilleurs moyens de subsistance aux petits producteurs en les aidant à opérer une transition de leur activité vers une agriculture commerciale. Outre une aide technologique et une facilitation de l’accès aux marchés et aux financements, cette alliance offre aux producteurs des solutions de planification et de stockage propres à réduire les pertes. Depuis 2015, la FtMA a ainsi permis à plus de 90 000 petits exploitants africains de vendre plus de 30 millions USD de récoltes à des acteurs commerciaux.

Le PAM s’engage aussi contre les pertes et les gaspillages des aliments avec sa campagne « Mettre fin au gaspillage » (Stop the Waste). Lancée en 2019, celle-ci vise à sensibiliser le grand public au gaspillage alimentaire et à encourager des pratiques de consommation plus durables.

Le Fonds International de Développement Agricole (FIDA)

Le FIDA investit principalement dans la réduction des pertes agricoles dans les pays en développement. Plus précisément, le FIDA a dédié ces dernières années 12% de ses investissements totaux aux infrastructures et équipements destinés à l’après-récolte.

Le FIDA soutient également l’innovation des méthodes de stockages, telles que l’utilisation des bâches, des séchoirs solaires, des silos en plastique et en métal ou encore des sacs de stockage hermétiques.

Le FIDA met également à disposition des petits agriculteurs des conseils et fiches d’information destinés à réduire les pertes et gaspillage.

L’agence a mené des actions ciblées, comme celle intitulée « Objectif zéro gaspillage alimentaire chez les communautés de pêcheurs en Indonésie » ; il s’agissait, avec l’aide du Ministère indonésien des affaires maritimes et de la pêche, d’améliorer la qualité des captures et de donner accès aux technologies pour permettre de transporter du poisson sur de longues distances. En luttant contre le gaspillage des poissons, le FIDA et le Ministère indonésien ont permis l’augmentation des revenus, qui a contribué au renforcement de la sécurité alimentaire et au recul de la malnutrition.

La Chine s’est de plus engagée au côté du FIDA pour l’amélioration de la desserte routière, l’édification d’installation de stockage et le renforcement des filières agricoles dans toute la Chine, pour réduire les pertes alimentaires qui s’élèvent à 35 millions de tonnes de nourriture soit 6% de la production alimentaire totale de la Chine.

Dernière modification : 10/09/2021

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