Agriculture, élevage, pêche et environnement : les défis modernes de la production alimentaire. [en]

L’augmentation des conflits les effets du changement climatique et les catastrophes naturelles ou encore la pandémie de la COVID-19, sont des facteurs qui menacent la sécurité alimentaire de millions de personnes dans le monde. Selon les dernières estimations du Rapport 2021 sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde (SOFI), 811 millions de personnes ont ainsi souffert de la faim en 2020. . Face à ces défis multiples, le développement de systèmes alimentaires durables et inclusifs est une priorité pour renforcer la sécurité alimentaire des plus vulnérables.

L’agriculture, la pêche, l’élevage et les forêts sont au cœur de la préservation de la biodiversité et de la durabilité des ressources naturelles. Ces secteurs sont à la fois une menace pour l’environnement (21% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde sont imputables aux secteurs agricole et forestier et 14,5% à l’élevage) et parmi les premiers impactés par la dégradation et la raréfaction des ressources naturelles, la pollution, l’érosion des sols et les effets du changement climatique.

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Les défis d’une production alimentaire durable et l’engagement des agences des Nations unies

Le secteur agricole

Les terres agricoles représentent près de 35% de la surface terrestre non recouverte de glace et constituent à ce titre des espaces clés pour assurer à la fois la pérennité des équilibres environnementaux et le maintien d’une production alimentaire suffisante. Le secteur agricole est aujourd’hui exposé à de nombreux défis parmi lesquels la désertification des sols, la perturbation du cycle de l’eau, les catastrophes climatiques, l’appauvrissement et la pollution des terres ou encore l’érosion de la biodiversité.

Le secteur agricole est lui-même caractérisé par une grande diversité des types de production et des profils de producteurs. Les exploitations familiales représentent 90% des exploitations agricoles à travers le monde et produisent 80% de la nourriture mondiale, en termes de valeur économique. Pourtant, ce sont également les producteurs familiaux qui sont aussi les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire dans le monde. L’agriculture étant souvent la principale source d’alimentation et de revenus des communautés rurales, la résilience des systèmes de production est donc un levier essentiel pour lutter contre la pauvreté, réduire les inégalités et renforcer la sécurité alimentaire.

L’agriculture est aussi un secteur clé pour développer des modes de gestion plus durables des ressources en eau. En effet, l’édition 2020 du rapport annuel de la FAO sur « L’état de l’alimentation et l’agriculture dans le monde » estime que le secteur agricole représente 70% de la consommation en eau douce et que l’agriculture irriguée produit 40% des denrées alimentaires dans le monde. L’accès aux ressources hydriques est également marqué par de fortes inégalités entre les acteurs qui touchent principalement les petits producteurs disposant de peu de moyens techniques pour capter et stocker l’eau. Certains modes de production sont également plus vulnérables : près de la moitié des terres cultivées en culture pluviale dans le monde sont encore soumises à de faibles niveaux de production et à l’irrégularité croissante. A l’échelle globale, près de 1,2 milliard de personnes, soit un sixième de la population mondiale, vivent dans des régions agricoles avec des contraintes hydriques très élevées.

L’agriculture a un rôle clé à jouer dans la préservation des forêts de la biodiversité et des sols. Selon un rapport de 2015 de la FAO, 33% des sols seraient modérément ou fortement dégradés du fait des effets conjugués de l’érosion, de la salinisation, le compactage et la pollution. Les sols sont pourtant vitaux pour l’agriculture et un allié dans la lutte contre le réchauffement climatique : les sols riches et bien structurés facilitent l’infiltration des eaux de surface ainsi que leur filtration et constituent un immense réservoir de carbone. . Les pertes de la production de céréales attribuées à l’érosion des sols sont estimées à 7,6 milliards de tonnes par an. Enfin, le maintien d’une biodiversité riche dans les sols les protègent de l’érosion ou du tassement, améliorent sa fertilité et participent à la dégradation des contaminants.

L’engagement des agences romaines

Le mandat de la FAO est d’œuvrer à un développement agricole inclusif et durable dans ses dimensions économiques, sociales et environnementales, de contribuer à élever le niveau de nutrition et les conditions de vie des populations. Elle promeut ainsi une production agricole respectueuse de la biodiversité, des sols et résiliente face aux changements climatiques.
La FAO permet également à tous d’avoir accès à des données de qualité et en libre accès relatives à la production agricole mondiale, les échanges de denrées agricoles, les ressources naturelles, les écosystèmes. Véritable plateforme de connaissances scientifiques, la FAO offre aux pays membres une assistance technique et met à leur disposition un grand nombre de documents de recommandations de bonnes pratiques agricoles. À titre d’exemple, la FAO a publié en 2019 un code de conduite international pour la gestion et l’utilisation durable des engrais. D’autres produits sont négociés et adoptés par les Etats membres dans le cadre des instances de la FAO ou du Comité de la sécurité alimentaire mondial (CSA). En 2020, les Etats membres ont ainsi adopté un document proposant des Directives volontaires pour des systèmes alimentaires durables et la nutrition, destiné à guider les acteurs pour mettre en place des pratiques agricoles plus durables.

Le Fond international de développement agricole (FIDA) encourage également le développement de modèles agricoles durables. Il travaille en priorité avec les petits producteurs vulnérables, en apportant une attention particulière à l’inclusion des femmes et des jeunes ainsi qu’à l’adaptation des systèmes alimentaires au changement climatique.

Le Fonds d’adaptation aux changements climatiques pour les petits agriculteurs est l’un des instruments du Programme alimentaire mondial (PAM) qui permet de développer l’agriculture durable.

Pêche et aquaculture

La consommation de poisson dans le monde est en pleine expansion et évolue plus vite que la consommation de viande et a plus que doublée entre 1990 et 2018, selon le rapport global sur l’état de la pêche et de l’aquaculture. Cela s’explique par la rapide expansion de l’aquaculture, qui représentait 47% de la production totale de poisson en 2018 (FAO). Le secteur emploie 190 millions de personnes dans le monde, dont l’écrasante majorité de petites exploitations.

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La pêche est menacée par les changements climatiques qui perturbent la vie sous-marine, la reproduction des espèces et qui assèchent les lacs et rivières. Selon la FAO, 34% des espèces de poissons sont pêchées de manière biologiquement non durable en 2017, contre 10% en 1990. Certaines pratiques de pêche polluent considérablement les eaux, mettant en péril la biodiversité et les écosystèmes marins.

L’engagement des agences romaines

Afin de pallier à ces défis, la FAO travaille avec de nombreux Etats membres pour une mettre en place une gestion plus durable des mers et des océans. Elle mesure et informe sur l’état de la biodiversité, formule des recommandations pour la préserver.
La FAO participe aussi au groupe de travail sur la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.
La FAO soutien également des projets destinés à préserver la petite pêche et artisanale, un secteur essentiel pour assurer une préservation durable des ressources halieutiques tout en garantissant la sécurité alimentaire des populations qui en dépendent.

Le FIDA investit environ 8% de ses ressources dans le secteur de la pêche depuis 39 ans. Il aide les populations les plus vulnérables à investir dans l’aquaculture afin de réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire, tout en développant des projets durables et respectueux de l’environnement.

Le PAM soutient les populations en situation d’insécurité alimentaire dans l’amélioration de leur revenu, en augmentant la productivité ou en créant des activités piscicoles. Cela permet de lutter contre la pauvreté et la malnutrition.

Le secteur de l’élevage

L’élevage est un élément clé de la sécurité alimentaire, la nutrition des populations les plus vulnérables ainsi que la réduction de la pauvreté. Il est parfois le seul revenu des populations rurales marginalisées et/ou privées d’accès à la terre (notamment les femmes). En forte croissance, ce sous-secteur représente environ 30% du PIB attribué à l’agriculture.

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Néanmoins, l’élevage, exigeant en apports végétal et hydrique, est responsable de 14,5% des GES en raison du transport, de la production de l’alimentation animale, des émissions de méthane issu de la digestion des ruminants. En outre, le secteur de l’élevage est impacté par les changements climatiques de manière directe (stress thermique, augmentation de la mortalité des animaux) et indirecte, les sécheresses ayant un impact évident sur les ressources en fourrage et hydriques pour les animaux. Enfin, les épizooties qui touchent les animaux d’élevage constituent une menace à la fois sanitaire et économique pour la durabilité du secteur de l’élevage et des populations qui en dépendent.

L’engagement des agences romaines

La FAO soutient la recherche et diffuse les connaissances sur les manières de réduire les conséquences environnementales négatives de l’élevage ainsi que les maladies et zoonoses associées, afin que chaque État puisse mettre en œuvre des politiques publiques adaptées à ses besoins et contextes locaux. Elle fournit des outils mesurant l’empreinte carbone de l’élevage, assiste les pays dans la conception et la mise en œuvre de politiques durables en matière d’élevage et facilite le dialogue entre les parties prenantes. Le Service de la santé animale de la Division de la production et de la santé animales (AGA) de la FAO indique avec précision les bonnes pratiques vétérinaires afin d’améliorer et/ou de maintenir le statut sanitaire général d’un pays.

Le FIDA met en place des projets qui permettent à des ménages ruraux d’acquérir des bêtes tout en adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement grâce à des formations. Cela peut par exemple mener à une gestion partagée et durable des pâturages.

Le secteur forestier

La conservation des forêts est cruciale pour faire face au changement climatique, à la raréfaction de l’eau douce et à la perte de la biodiversité.

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Les estimations présentées dans le rapport 2020 de l’état des forêts dans le monde de la FAO reviennent à considérer qu’un tiers de l’humanité environ est étroitement tributaire des forêts et des produits forestiers. Par ailleurs, les arbres et la végétation limitent la progression de la désertification et permettent une bonne infiltration de l’eau dans les sols. Les bassins versants forestiers fournissent environ 75 % des ressources mondiales en eau douce accessible, dont plus de la moitié des habitants de la Terre dépendent. La forêt constitue un environnement vital dont la bonne gestion est nécessaire à l’agriculture. Alliées essentielles à la lutte contre les changements climatiques, elles capturent le carbone dans sa biomasse et les sols.
Les très riches écosystèmes forestiers couvrent plus de 30 % de la surface terrestre et les forêts sont des réservoirs uniques de biodiversité : plus de 75% des espèces d’oiseaux, 68% des espèces de mammifères et 94% des essences végétales. Cependant, chaque seconde, l’équivalent d’un terrain de football de forêt tropicale humide disparaît. Les quatre millions d’hectares de forêts tropicales détruites en 2020 ont libéré 2,64 gigatonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles de 570 millions de voitures. L’agriculture industrielle est majoritairement responsable de cette situation alarmante : entre 2000 et 2010, elle était responsable de 40 % de la déforestation tropicale.

L’engagement des agences romaines

L’édition du rapport 2020 sur l’état des forêts dans le monde, produit par la FAO et le Programme des Nations unies pour l’environnement insiste sur la nécessité d’agir maintenant pour en protéger la biodiversité et les populations qui en dépendent.
La FAO est dotée d’un département forêt dont l’objectif principal est d’en promouvoir la gestion durable par les Etats membres.

Le FIDA s’empare de cet enjeu en élaborant des projets intégrant la plantation d’arbres afin de restaurer les sols et de mieux conserver l’eau. Il aide aussi les populations rurales en promouvant des activités rémunératrices liées à l’exploitation durable de la forêt.

Le PAM investit dans la reforestation afin de lutter contre la vulnérabilité des populations aux changements climatiques et l’insécurité alimentaire. Dans le cadre de ses programmes « assistance alimentaire contre biens communautaires » le PAM a permis une faible reforestation de 4000 hectares en 2018.

L’investissement de la France dans la transformation de l’agriculture vers des modèles plus durables et plus résilients

Vers une agriculture française plus durable : renouvellement de la PAC et adoption de la loi d’avenir pour l’agriculture française

Mise en œuvre en 1962 pour répondre aux pénuries alimentaires de l’après-guerre, la Politique agricole commune européenne (PAC) a connu certaines réorientations pour s’adapter aux défis qu’ont rencontré les agricultures européennes. En janvier 2023 entrera en vigueur une nouvelle réforme de la PAC, destinée à mieux prendre en compte les défis environnementaux et climatiques. Elle vise à favoriser un secteur agricole durable et compétitif pouvant apporter une contribution significative au Pacte vert pour l’Europe, en particulier en ce qui concerne la stratégie « de la ferme à la table » et la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité. Les propositions visent en particulier à : garantir des conditions équitables et un avenir économique stable aux agriculteurs, établir des ambitions plus élevées en matière d’environnement et d’action pour le climat, maintenir l’agriculture au cœur de la société européenne.

Au niveau national, la France a adopté en octobre 2014 la Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt. Elle met en œuvre des approches de l’agroécologie dans les exploitations agricoles françaises, avec pour objectif d’améliorer leurs performances économiques, environnementales et sociales. En 2018, a été promulguée la loi Agriculture et Alimentation qui poursuit trois objectifs : payer le juste prix aux producteurs pour leur permettre de vivre dignement de leur travail, renforcer la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle des produits, favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour tous.

La Politique Commune de la Pêche (PCP) poursuit un objectif similaire de garantir la durabilité de la pêche. Elle fixe des seuils de captures afin de ne pas nuire à la reproduction des espèces et tente de limiter les techniques entraînant le rejet de captures non désirées.

L’agriculture durable dans la politique de coopération française pour le développement

Face aux nombreux défis auxquels l’agriculture est confrontée, en particulier la gestion durable des ressources naturelles (sols, forêts, eau, biodiversité, ressources génétiques), les priorités de la France sont d’améliorer les connaissances scientifiques, de mettre à disposition et valoriser les résultats de la recherche et d’assurer une coordination régionale et internationale des politiques en faveur d’une production agricole durable.

La promotion du développement durable dans les pays en développement est l’objectif général de la coopération française (cf. art. 1 de la loi du 7 juillet 2014 d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale). C’est le dénominateur commun de toutes les actions opérationnelles entreprises par l’Agence française de développement (AFD) qui a été un des premiers bailleurs de fonds internationaux à intégrer la lutte contre le changement climatique dans ses pratiques. L’AFD a placé la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le Climat (2015) au cœur de son mandat : tous ses financements doivent désormais être compatibles avec un développement bas-carbone et résilient.

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La France se place dans la continuité des actions engagées en faveur de la FAO et en vue de l’atteinte des Objectifs du Développement Durables (ODD), en particulier dans les domaines de la sécurité alimentaire, l’agroécologie et la préservation de la biodiversité.

En 2021 la France met à disposition de la FAO 15 experts scientifiques, permettant d’apporter une expertise reconnue dans ces secteurs. Les instituts de recherches français dans le domaine de l’agriculture (en particulier le CIRAD, INRAe, IRD, Agreenium) entretiennent de nombreux partenariats avec la FAO dans des domaines tels que les systèmes alimentaires durables dans un contexte de changement climatique ou la préservation de la biodiversité.

La France a renouvelé en 2020 son engagement aux côtés de la FAO en faveur de l’innovation, de la transition vers des agricultures plus durables, de la résilience des systèmes alimentaires face aux risques sanitaires et phytosanitaires, mais aussi de l’Afrique et des programmes innovants en faveur des femmes et des petits Etats insulaires. Elle contribuera par ailleurs à l’élaboration d’un outil permettant de valoriser la triple performance des pratiques agroécologiques.

La France s’engage avec la FAO dans 5 domaines d’intérêt :
• Améliorer la cohérence des politiques en matière de sécurité alimentaire et de nutrition et leur mise en œuvre effective par les États, afin notamment d’encourager des investissements responsables, dans le cadre d’une gouvernance mondiale renforcée.
• Renforcer la multiple performance économique, sociale et environnementale des systèmes alimentaires et des territoires, en particulier pour contribuer à la création d’emploi rural et améliorer les revenus des agriculteurs.
• Renforcer la sécurité sanitaire, dans le domaine végétal, animal et alimentaire, pour contribuer à l’amélioration de la santé mondiale.
• Renforcer la résilience des populations vulnérables et améliorer la prévention et la gestion des crises.
• Contribuer à la mise en œuvre de la stratégie climat de l’OAA, en vue de l’application de l’Accord de Paris.

La France encourage également le PAM et le FIDA à consolider la transition vers des systèmes agricoles et alimentaires durables par l’adoption de politiques pertinentes et leur mise en œuvre sur le terrain et l’intégration de la résilience agricole dans les programmes.

La recherche agronomique française collabore de près avec les trois agences romaines, afin d’appréhender les défis modernes de la production alimentaire.

Le FIDA intensifie ses investissements en faveur de solutions innovantes et numériques qui répondront aux besoins urgents des partenaires locaux de l’institution sur le terrain et des participants aux projets.

Le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, dans lequel les agences romaines sont pleinement investies et qui se tiendra le 23 septembre 2021, devra encourager les Etats à prendre des engagements ambitieux visant à transformer les modes de production et de consommation alimentaires à l’échelle mondiale. L’objectif général est d’aider les différentes parties prenantes à mieux apprécier les enjeux complexes qui ont une incidence sur l’avenir des systèmes alimentaires et à accélérer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).

Dernière modification : 09/09/2021

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