Jean-Yves Le Drian : "Nous n’avons pas à choisir entre nourrir l’humanité et protéger la planète"

PRE-SOMMET DES NATIONS UNIES SUR LES SYSTEMES ALIMENTAIRES (ROME, 26-28 JUILLET 2021)

TABLE RONDE MINISTERIELLE “LE SOMMET DES SYSTEMES ALIMENTAIRES ET LES CONVENTIONS DE RIO SUR LA BIODIVERSITE, LE CLIMAT ET LA DIVERSIFICATION »

ALLOCUTION D’OUVERTURE DE M. JEAN-YVES LE DRIAN, MINISTRE DE L’EUROPE ET DES AFFAIRES ETRANGERES

Rome, 28 juillet 2021 – Message video

Seul le prononcé fait foi.

Madame la vice-secrétaire générale des Nations unies,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame et Messieurs les Secrétaires exécutifs des Conventions de Rio,
Mesdames et Messieurs,

Le choc de la Covid-19 ne nous a pas seulement rappelé que les crises globales appellent des réponses solidaires et collectives. Mais aussi que nos biens communs dépendent les uns des autres. La santé humaine dépend de la santé animale, qui dépend des grands équilibres environnementaux de notre planète, qui dépendent eux-mêmes de nos choix, notamment en matière économique, et donc de la place que nous accordons à la science dans nos sociétés. Car l’humanité ne peut espérer bien vivre sur une planète malade, dont elle persiste à ignorer les dérèglements.

C’est pourquoi nous devons aborder ce prochain Sommet sur les systèmes alimentaires à la fois comme une occasion de renforcer l’action internationale contre les fléaux de la faim et de la malnutrition et comme une opportunité de gagner encore en cohérence et en efficacité dans notre combat contre le changement climatique, l’érosion de la biodiversité et la désertification.

Là encore, l’actualité nous rappelle – et de manière tragique – à quel point ces questions sont désormais liées : à Madagascar, pour la première fois de notre histoire, le réchauffement climatique – vous le savez – a été la cause directe d’une famine.
Dans un monde où, sur fond d’inégalités et d’instabilités de tous ordres, le nombre de personnes sous-alimentées progresse inexorablement depuis 2014, avec une hausse en 2020, liée aux répercussions de la pandémie sur les systèmes alimentaires.
Un monde où, dans le même temps, nos systèmes alimentaires contribuent pour un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre et où certaines pratiques agricoles portent massivement atteinte à la biodiversité et à nos ressources naturelles.

Il est donc urgent que nous agissions ensemble, avec détermination, pour briser ce cercle vicieux. Car, en réalité, nous n’avons pas à choisir entre nourrir l’humanité et protéger la planète. Notre responsabilité historique est de prendre les bonnes décisions pour concilier ces deux objectifs centraux du développement durable.

Vous pouvez compter sur la France pour jouer tout son rôle dans cet effort collectif.
En s’engageant pleinement dans les trois prochaines COP – sur les dérèglements climatiques, la biodiversité et la lutte contre la désertification.
Et en portant des initiatives innovantes et des projets concrets.

Je pense au Panel d’experts de haut niveau « Une seule santé », dont nous avons lancé l’idée dès le printemps 2020 et qui s’est réuni pour la première fois en mai dernier, avec le soutien de l’OMS, de la FAO, de l’OIE et du PNUE. Ainsi qu’à l’initiative internationale PREZODE qui soutiendra, sur le terrain, l’intégration et le renforcement des réseaux de chercheurs et d’acteurs locaux en santé humaine, animale et environnementale pour mieux prévenir et lutter contre les pandémies.

Je pense aussi à la relance, lors du « One Planet Summit » de janvier dernier, du projet de la Grande Muraille verte pour promouvoir l’agroécologie au Sahel. Les enjeux sont immenses, sur tous les plans :
• Restaurer, d’ici à 2030, 250 millions d’hectares de terres dégradées ;
• Capturer 250 millions de tonnes de carbone ;
• Le tout, en créant 10 millions d’emplois !

Notre avenir – Mesdames et Messieurs – passe, à l’évidence, par des systèmes alimentaires plus résilients et plus durables.

Le Sommet convoqué par le Secrétaire général sera donc un jalon majeur sur le chemin du multilatéralisme des biens communs que nous devons construire ensemble, avec toutes les forces vives de nos collectivités locales, du secteur privé, du monde de la recherche, des organisations non-gouvernementales et des sociétés civiles.

La France sera au rendez-vous, et je sais que vous aussi.

Je vous remercie.

Dernière modification : 09/09/2021

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