Programme mondial d’éradication de la Peste des Petits Ruminants

Intervention de l’ambassadrice Delphine Borione

Retrouvez ci-dessous le discours prononcé par l’Ambassadrice D. Borione lors de la Réunion sur le thème " Programme mondial d’éradication de la Peste des Petits Ruminants" qui s’est tenu le 28 novembre 2017 à la FAO à Rome :

Rome, 28 November 2017
Statement by France (in French)

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants permanents, Chers Collègues de la FAO et des Organisations internationales partenaires.
Permettez-moi tout d’abord de remercier la FAO de m’avoir conviée à m’exprimer au nom de la France sur ce sujet si important qu’est le Programme mondial d’éradication de la Peste des Petits Ruminants, la PPR, selon l’acronyme consacré par l’usage, dans toutes les langues.

Comme cela a été souligné par les intervenants qui m’ont précédée les petits ruminants constituent un moyen de subsistance essentiel pour des centaines de millions de familles le plus pauvres du monde, en Afrique au Moyen Orient et en Asie. Ils contribuent directement à la sécurité alimentaire par la production de viande et de lait. Ils participent à l’équilibre nutritionnel en apportant des éléments protéiques, des vitamines et des oligo-éléments, mais aussi en fournissant un revenu complémentaire permettant de diversifier la ration alimentaire. La laine et les peaux sont transformées et commercialisées. Des chaînes de valeur sont créées, ainsi que des circuits commerciaux pouvant déboucher sur des filières d’exportation, parfois à haute valeur ajoutée, comme dans le cas du cashmere.

Ils constituent aussi un capital vivant, une « épargne sur pattes », facile à déplacer ou à transporter, qui peut être gérée selon les circonstances, plus facilement qu’un troupeau de bovins. On m’a rapporté cette anecdote où quand on demande à un éleveur somalien de définir le concept de résilience sa réponse est simplement de « sauver la dernière chèvre ». Tout est dit dans cette formule.

Un autre point essentiel est le rôle des femmes dans l’élevage des petits ruminants. Le plus souvent ce sont elles qui en ont la charge et en tirent les bénéfices, contribuant ainsi à consolider la cellule familiale et à améliorer les soins aux enfants.
Aujourd’hui cet élevage est menacé par une maladie virale dévastatrice, dont l’expansion géographique progresse, puisqu’elle touche plus de 70 pays, comme cela a été rappelé. Pourtant il existe un vaccin efficace, peu onéreux et dont une seule injection protège l’animal pendant toute sa vie économique. C’est la mobilisation de moyens et leur coordination qui fait défaut aux plans mondial et régional et à l’échelon national.

J’insiste sur ces éléments parce qu’ils constituent la base du consensus international qui s’est progressivement construit pour éradiquer la PPR à l’horizon 2030. Il ne s’agit pas seulement d’une maladie animale à rayer de la carte, mais bien d’enjeux mondiaux majeurs qui sont concernés tels que la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le renforcement de la résilience, la lutte contre la pauvreté et le contrôle des flux migratoires. L’éradication de la PPR participe bien à l’atteinte des Objectifs de développement durable des Nations Unies à l’horizon 2030, en particulier les ODD1 et ODD2.

La France, aux côtés de l’Union européenne, comme elle avait participé à l’effort international pour l’éradication de la peste bovine, proclamée par la FAO et l’OIE en 2011, comme elle a rejoint la coalition pour la lutte contre l’influenza aviaire hautement pathogène, s’est immédiatement mobilisée en faveur de l’éradication de la PPR.
Elle a participé activement à la Conférence internationale sur la PPR, organisée à Abidjan en 2015, et à l’adoption de la stratégie mondiale d’éradication. En tant que Membre de la FAO et de l’OIE, elle a soutenu les résolutions des organes directeurs pléniers de ces deux Organisations qui ont unanimement validé cette démarche, en 2015 et 2016. Lors de la session du Comité de la sécurité alimentaire mondiale consacrée à l’Elevage, l’année dernière, elle est intervenue pour y soutenir le sujet PPR.

En complément de cette implication au plan de la gouvernance mondiale, la France a mobilisé des moyens significatifs. Ainsi le Secrétariat conjoint FAO-OIE pour la PPR, mis en place en 2016, bénéficie d’un expert senior mis à disposition par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, affecté comme Coordinateur de l’OIE. Un concours financier de 100.000 dollars US a été alloué au fonctionnement de ce Secrétariat.

Un des trois laboratoires mondiaux de référence pour la PPR se trouve en France, au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) à Montpellier, laboratoire au sein duquel un diagnostic sérologique automatisable de la maladie a été mis au point. Nos scientifiques sont ainsi en contact permanent non seulement avec la FAO et l’OIE mais aussi avec les services vétérinaires et les éleveurs des pays infectés et avec les institutions régionales. Nos experts ont notamment dans ce cadre développé des modules de formations permettant une meilleure maitrise des méthodes de diagnostic. De plus, lors de la Conférence internationale sur la PPR à Abidjan, un livret développé par le Cirad avec le soutien de la FAO, de l’OIE et de l’Agence française de développement (l’AFD) a été distribué, celui-ci ayant pour ambition de contribuer, sous une forme adaptée à un large public, à la diffusion des connaissances sur cette maladie dans le but d’informer préventivement sur les risques de sa propagation déterminés par la mobilité des animaux, liée aux pratiques d’élevage extensif et aux mouvements commerciaux.
Enfin, depuis sa fondation le 25 janvier 1924, le siège de l’OIE se trouve à Paris. La France, un des membre fondateur et pays hôte, a des relations privilégiées avec cette Organisation dont les normes sanitaires sont reconnues par l’Organisation mondiale du commerce et régulent les échanges internationaux d’animaux et de produits d’origine animale.

Nous nous félicitons du partenariat entre la FAO et l’OIE pour l’éradication de la PPR, car ces deux Organisations ont des mandats complémentaires, en particulier en matière de santé animale. La mise en place du Secrétariat conjoint constitue un témoignage de cette synergie, indispensable du point de vue de la coordination mondiale.

Aujourd’hui, alors que le Programme mondial d’éradication de la PPR a été adopté par la FAO et l’OIE pour une première phase de cinq ans, le temps est venu de constituer une coalition des donateurs et partenaires de développement. À cet égard, l’annonce du Commissaire européen MIMICA, le 10 octobre à Rome, d’accueillir à Bruxelles en 2018 une Conférence pour la mobilisation des ressources est un élément essentiel. Lancée en présence du DG de la FAO et de celui de l’OIE, cette initiative est porteuse d’espoir pour enfin arrêter la progression de la maladie, la maîtriser et la faire disparaître. C’est une tâche de longue haleine, qui demande un effort collectif et soutenu. La France continuera d’y prendre sa part et œuvrera sans relâche, aux côtés de l’Union européenne, pour convaincre d’autres partenaires majeurs de se joindre au combat pour l’éradication de la PPR.

À mes Collègues Représentants Permanents qui sont dans cette salle, et qui font le lien avec les capitales ainsi qu’avec les agences de développement de leurs pays respectifs, je me permets d’adresser le message de bien vouloir relayer en les soutenant la teneur de nos échanges d’aujourd’hui sur la PPR. La FAO et l’OIE ont commencé à préparer la Conférence PPR Bruxelles – 2018, et il nous revient d’essayer de réunir toutes les énergies pour qu’elle soit un succès.

Je vous remercie pour votre attention.

Dernière modification : 02/02/2018

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