L’innovation [en]

L’innovation, moteur pour réaliser l’agenda 2030 et le Défi Faim zéro

Selon l’INSEE, l’Institut national de la statistique et des études économiques, l’innovation désigne « l’introduction sur le marché d’un produit ou d’un procédé nouveau ou significativement amélioré par rapport à ceux précédemment élaborés par l’unité légale ». L’innovation est donc un domaine très large, mais le volet de l’innovation qui nous intéresse plus particulièrement ici est celui de l’innovation agricole. Elle est définie par la FAO comme le « processus par lequel des individus ou des organisations mettent en œuvre pour la première fois des produits, des processus ou des modes d’organisation nouveaux ou existants, dans un contexte spécifique. »

L’objectif est d’utiliser l’innovation pour piloter, promouvoir et adapter les idées novatrices ayant un fort potentiel en termes d’impact sur l’alimentation et l’agriculture.

Dans le contexte du changement climatique et des nombreux défis qui se posent au XXIe siècle comme les pandémies, les sécheresses et les conflits, l’innovation apparaît de plus importante.

L’agenda 2030, un cadre pour stimuler l’innovation

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Le cadre d’action 2030 se réfère à l’innovation comme un moyen critique de mise en œuvre des objectifs du développement durables (ODD). L’innovation permettrait d’agir sur trois domaines :
-  La coopération et le partage des savoirs pour améliorer l’accès à la technologie et l’innovation
-  L’urgence du développement, du transfert et de la diffusion de technologies respectueuses de l’environnement
-  La nécessité d’aider le développement des capacités des pays les moins développés

Si l’ODD 9 mentionne directement l’innovation, presque tous les ODD peuvent contenir un volet innovation, une thématique transversale et holistique.

Dans le contexte d’une dégradation de l’insécurité alimentaire, et alors que s’éloigne la perspective d’atteindre l’objectif « faim zéro » d’ici à 2030 (811 millions de personnes ayant été en insécurité alimentaire en 2020, selon le Rapport SOFI 2021), l’innovation apparaît comme un élément d’importance pour une réponse aux multiples défis qui se posent aux systèmes alimentaires.

Le Sommet des Systèmes alimentaires

L’année 2021 est celle du Sommet des Systèmes alimentaires, organisé par l’ONU à New York en septembre (23/09/2021). Le pré-Sommet à Rome du 26 au 28 juillet 2021 et le Sommet de New York permettront d’aborder l’innovation comme moteur de la transformation des systèmes alimentaires pour les accompagner notamment vers une plus grande durabilité.

L’innovation sera abordée au titre de multiples points, mais une partie spécifique lui est dédiée via les aires d’action collectives (Areas of collective actions). L’ACA 9 s’intitule en effet « innovation et technologie » et a pour but de stimuler toutes les parties prenantes dans leur effort pour développer et encourager l’innovation pour l’agriculture, l’accès aux marchés des producteurs agricoles, la distribution de denrées alimentaires…

L’engagement de l’ONU et des agences romaines : une innovation au service de l’agriculture et des populations vulnérables

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentaire et l’agriculture (Food and Agriculture Organization, FAO)

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Le directeur actuel de la FAO M. Qu étant l’ancien président de l’académie chinoise des sciences agricoles, l’innovation est véritablement mise au cœur de la politique de la FAO. L’innovation à la FAO peut se décliner en plusieurs aspects :
• La question des biotechnologies, comme la fermentation microbienne, les engrais biologiques, les bio-pesticides ou l’insémination artificielle a été traitée dans un symposium de février 2016 par la FAO.
• La FAO est particulièrement à la pointe des technologies digitales ; la FAO a développé la plateforme TECA (Technologies and practices for small agricultural producers), une plateforme de partage et d’information sur les technologies agricoles et les pratiques pour aider les petits exploitants. Dirigée par la FAO, la communauté mondiale de pratiques de l’agriculture numérique est composée de plus de 12000 membres provenant de 170 pays. Il s’agit d’une plateforme où les membres échangent des informations, des idées et des ressources liées à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. La FAO travaille également à développer, promouvoir et mettre en place l’inclusion digitale, notamment sur les continents africains et asiatiques. Pour exemple, au Sri Lanka, un système GPS est utilisé par les vétérinaires pour détecter les emplacements de troupeaux de bovins testés pour la peste bovine. L’objectif est de créer des solutions pour répondre aux besoins des foyers ruraux en termes d’accès à la formation et l’information pour contribuer à réduire la pauvreté et atteindre la sécurité alimentaire, en lien avec la réalisation de l’ODD 2 en particulier.

L’innovation permet ainsi d’aider les Etats membres à stimuler la croissance socio-économique, assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, réduire la pauvreté et améliorer la résilience au changement climatique pour atteindre les ODD.

La FAO et le Gouvernement de la Confédération suisse encouragent l’innovation grâce au Prix international de l’innovation pour l’alimentation et l’agriculture durables, lancé en 2018.

Le Comité de la Sécurité alimentaire (CSA)

LE CSA, Comité de la Sécurité alimentaire, a intitulé sa 48e session du 4 juin 2021 « Sécurité alimentaire et nutrition – faire la différence ». A cette occasion, un document a été publique sur les « Recommandations en matière de politique – approches agro écologiques et autres approches novatrices pour une agriculture et des systèmes alimentaires durables propres à améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition ».

Ce document élabore – à partir du rapport du HLPE, Groupe d’expert de Haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition - une série de recommandations destinées aux Etats, afin de les aider à atteindre la sécurité alimentaire, et plus largement à réaliser les ODD. Les approches agro écologiques et novatrices s’inscrivent dans ce cadre et correspondent à une perspective de valorisation de l’innovation dans les politiques des organes de l’ONU présents à Rome.

Le Fonds international de développement agricole (FIDA)

Le FIDA, agence de développement des populations rurales et pauvres, définit l’innovation comme un « processus permettant de créer de la valeur ou de résoudre un problème de façon originale ». Au FIDA, les innovations qui sont promues sont celles qui ont des répercussions positives sur les populations rurales pauvres. L’objectif du FIDA est de contribuer à améliorer les investissements, les rendements, la production, la commercialisation, l’organisation des ruraux pauvres.

Depuis décembre 2007, le FIDA a mis en place une stratégie en matière d’innovation, qui détermine les éléments nécessaires à la mise en place d’un environnement propice à l’innovation. Son objet est de faire en sorte que l’innovation soit intégrée de manière systématique et efficace dans tous les processus du FIDA et dans sa pratique de l’exécution des programmes pays.

En 2019, le FIDA a également lancé un appel à l’innovation via le concours Innovation Challenge organisé à l’échelle mondiale.

Le Programme alimentaire mondial (PAM)

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Le Programme alimentaire mondial (PAM) a pour but d’atteindre l’objectif de la Faim zéro et éradiquer la malnutrition d’ici 2030. Pour ce faire, le volet innovation est particulièrement important. Le PAM a reçu en 2021 le prix Franz Eldeman qui récompense les institutions qui se distinguent dans les domaines des sciences et de la gestion et de la recherche opérationnelle. Le PAM encourage l’adoption de nouvelles technologiques, mais soutient également des programmes spécifiques :
-  L’utilisation des téléphones mobiles pour recueillir des données
-  Le développement de matériel de stockage hermétique
-  La technologie des chaînes de bloc, aussi appelée « blockchain », une base de données partagée simultanément avec tous ses utilisateurs qui ont tous la possibilité d’y inscrire des données.
-  L’innovation pour l’égalité des genres :

  • Les CBT CashBack au Bangladesh, une application mobile permettant aux femmes enceintes et aux mères d’accéder à de la nourriture nutritive via une application mobile et des magasins partenaires
  • L’écosystème « last mile » pour connecter via un outil digital les petites productrices agricoles et les cantines scolaires pour offrir un repas équilibré aux écoliers
  • Un outil chaîne de bloc nommé « Producers Direct » qui permet de créer des coopératives agricoles numériques, spécifiquement pour les petites productrices agricoles qui ont un accès limité au marché.

Le PAM a également lancé en 2016 son programme Accélérateur d’Innovation (Innovation Accelerator) à Münich.
En chiffres :
• 368 000 personnes ont bénéficié des innovations soutenues par l’Accélérateur du PAM. 
• 30 pays ont des innovations en cours soutenues par l’Accélérateur
• 23 projets d’innovation sont actuellement soutenus.

Un concours d’innovation a été lancé par le PAM jusqu’au 7 juin 2021 nommé « WFP Innovation Challenge 2021 » pour encourager le développement d’innovation et trouver de nouveaux talents.

L’action de la France : un rôle de chef de file dans la recherche et l’innovation

Pour la France, l’innovation n’est pas que technologique, elle est aussi sociale, organisationnelle, financière, politique et institutionnelle. L’agro-écologie, en ce sens, peut être pleinement considérée comme de l’innovation. Elle est définie ainsi : « Processus par lequel des individus ou des organisations mettent en œuvre des produits, des procédés et des modes d’organisation (nouveaux ou déjà existants) pour la première fois dans un contexte spécifique afin d’améliorer l’efficacité, la compétitivité, la résilience ou la durabilité environnementale, contribuant de ce fait à la sécurité alimentaire, à la nutrition, au développement économique ainsi qu’à la gestion durable des ressources naturelles ».

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Recherche et Innovation

La France s’engage particulièrement pour l’innovation agricole à travers le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Pour exemple, une station Ifremer (groupe de recherche et d’innovation pour protéger et restaurer l’océan) au service d’une aquaculture innovante et plus durable a été montée à La Tremblade dès 1935.

La France collabore également avec le CGIAR (Groupe Consultatif pour la recherche agricole internationale) organisation internationale de recherche agronomique pour le développement qui occupe une place très importante, car elle fait progresser la science et l’innovation pour l’agriculture et l’alimentation, son mandat complétant celui des agences romaines. En partenariat avec le CGIAR, la France a lancé une plateforme de partenariat et de transformation en agro-écologie qui valorise l’innovation et la recherche pour une agriculture durable.

Le plan Agriculture-Innovation 2025 : des orientations pour une agriculture innovante et durable

Les ministères de l’agriculture et de la recherche ont confié en 2015 à quatre personnalités (Jean-Marc BOURNIGAL, Président Directeur Général de l’IRSTEA, François HOULLIER, Président Directeur Général de l’INRA, Philippe LECOUVEY, Directeur de l’ACTA, et Pierre PRINGUET, Président d’AgroParisTech) la mission de poser les bases d’un cadre « Agriculture-Innovation 2025 », dont les conclusions ont été présentée à M. Stéphane Le Foll, à l’époque ministre de l’agriculture, Thierry Mandon et à Mme Axelle Lemaire.
Ce rapport a posé les bases d’un plan d’action divisé en 9 axes :

  • Agro-écologie
  • Bioéconomie
  • Agriculture numérique
  • Robotique
  • Génétique et biotechnologies
  • Biocontrôle
  • Innovation ouverte
  • Economie agricole
  • Formation

Ce plan a retenu quatre priorités :
1. Renforcer la recherche sur les sols agricoles, l’agriculture et le climat
2. Placer l’agriculture au cœur de la Stratégie Nationale de Recherche
3. Développer le numérique et l’agriculture connectée
4. Créer des « laboratoires vivants » pour favoriser l’innovation ouverte au sein des territoires

Un point d’étape en 2016 a révélé la création de projets innovants : la création d’un portail numérique de données agricoles et la création de projets-pilotes liés à l’agro-écologie en Limagne et à l’élevage durable en Bretagne.

L’innovation agricole peut donc se décliner en de multiples volets. Intelligence artificielle, drones pour surveiller les champs, robots rampants pour couper les mauvaises herbes, tout cela fait partie de l’ « agriculture 3.0 » (Le Baromètre 2019 des agricultures familiales, 2019) dont l’objectif est d’apporter une réponse au changement climatique, zoonose, et à l’insécurité alimentaire croissante.

Dernière modification : 10/09/2021

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